Pour descendre les eaux vives des Rocheuses canadiennes, seuls ceux qui ont vraiment envie de se mouiller devraient s’asseoir à l’avant du canot. C’est mon amie Elizabeth qui avait proposé le rafting, mais c’est moi qui ai eu l’idée de m’asseoir à l’avant. Pendant un week-end entre filles au parc national de Jasper, elle avait mentionné qu’elle avait toujours voulu essayer la descente de rapides. J’en avais déjà fait, donc sachant à quel point c’était amusant, j’avais bien hâte d’en refaire. Mais ne me demandez pas comment j’ai eu l’idée de génie de m’asseoir aux premières loges.

Paysages saisissants

PENDANT LA PREMIÈRE PARTIE DE NOTRE EXCURSION, NOUS AVONS EU DROIT À UNE BALADE PITTORESQUE EN EAUX TRANQUILLES PLUTÔT QU’À UNE DESCENTE MOUVEMENTÉE EN EAUX VIVES.

À Jasper, on peut choisir entre les rivières Athabasca, Sunwapta et Fraser. Nous avons opté pour l’aller-retour de deux heures le moins agité : la rivière Athabasca, qui selon le dépliant constitue une excellente introduction à la descente de rapides et convient tant pour les enfants de six ans que les personnes du troisième âge. Le fait que les guides soient des professionnels certifiés a mis tout le monde à l’aise, tellement que nous étions tous émerveillés par le paysage environnant. Je ne pouvais m’empêcher d’envisager le parc comme l’auraient fait les premiers commerçants de fourrure. Je me demande si ces derniers avaient un sentiment de profond respect face aux cimes des montagnes encapuchonnées de neige, aux profonds canyons et aux épaisses pinières des Rocheuses canadiennes.

Tenez-vous bien et lancez-vous

À l’approche des premiers rapides, notre guide nous a avertis de rassembler nos forces et d’enfoncer nos pagaies. J’ai pris son conseil à cœur. Je me suis agrippée à la corde le long du bord de l’embarcation et me suis préparée à l’impact. Le canot a bondi vers le haut, puis vers le bas, et l’eau jaillissait partout. À ce moment-là, toutes mes pensées pour le paysage avaient disparu. J’avais un peu peur qu’Elizabeth tombe du bateau, mais dans cette situation, c’est chacun pour soi. Et des deux, c’est surtout moi qui manque de coordination.

À la sortie des rapides, mon amie avait le fou rire. Il paraît que certaines personnes avaient fait de drôles de grimaces au passage des eaux les plus intenses. Elle a vraiment trouvé ça tordant quand une grosse vague d’eau m’a frappée et que j’ai essayé de me boucher le nez de ma main libre.

Le reste de notre descente a ressemblé pas mal à cela, sauf que je n’ai plus essayé de me boucher le nez. On profitait de quelques minutes de navigation, suivies de nombreuses minutes de rebondissements au-dessus des rapides.

C’ÉTAIT JUSTE CE QU’IL FAUT DE SENSATIONS FORTES ET AUCUN MEMBRE DE NOTRE ÉQUIPAGE N’EST TOMBÉ DU CANOT.

J’ai vu un homme tomber d’un autre canot, mais je suis presque certaine qu’il s’est envoyé lui-même dans l’eau. Une fois à la surface, il avait un sourire fendu jusqu’aux oreilles.

Nous avions tous le sourire aux lèvres en mettant le pied à terre à la fin de notre aventure – surtout Elizabeth. Il est toujours agréable de rayer une activité de sa liste d’endroits à visiter, mais quelque chose me dit que notre petite aventure dans les rapides ne sera pas sa dernière.