«Wow, c’était une vrai celle-là!»

«C’en était toute une!»

La pluie de pierres s’est fracassée sur la paroi rocheuse provoquant ainsi un glissement de la neige fondante et de la boue liquide qui se sont effondrées sur les falaises abruptes du mont Ball.

En regardant les avalanches du début de l’été effacer les dernières traces de l’hiver, à bonne distance de l’autre côté du lac Shadow, mon amie Jenn et moi avions l’impression d’assister à une projection privée d’un film d’aventure.

Non visible depuis la route, l’énorme mont Ball dans le parc national de Banff n’est accessible qu’en randonnée pédestre, en vélo de montagne ou, en hiver, en ski de fond. Nous avions parcouru 11 km (7 mi) en vélo sur le chemin forestier de défense bien nivelé, au milieu des forêts de trembles et d’épinettes, depuis le stationnement du début de sentier de Redearth Creek, situé seulement 19 km (12 mi) de la ville de Banff. Après avoir bien rangé les vélos à la jonction de Shadow Lake, nous avons marché sur 2.5 km (1.5 mi) le long d’un paisible sentier sinueux jusqu’au Shadow Lake Lodge de la famille Brewster.

Merveille sensorielle

Nadine, une employée des lieux, nous a accueillies devant la rangée de chalets en bois rond doré bordant un pré dégagé. Chaque chalet dispose d’un balcon offrant des vues spectaculaires sur la montagne. L’intérieur est lumineux, parfaitement bien entretenu et chaleureux. On y trouve des couettes douillettes, de l’électricité solaire pour recharger les batteries de notre appareil photo etdes douches chaudes tout près.

«C’est vraiment romantique, la prochaine fois, j’emmène mon mari!», s’exclame Jenn.

Après le spectacle des avalanches, nous nous sommes jointes à d’autres clients assis comme une famille dans le réfectoire dont les murs sont ornés de photos historiques. Le repas fut une véritable merveille sensorielle. Soupe aux tomates et pesto. Salade Mesclun avec fraises, pacanes confites et fromage bleu. Poulet mariné accompagné d’une sauce aux champignons et aux tomates séchées. Le dessert, un gâteau à la citrouille et au gingembre avec une généreuse portion de sauce au sirop d’érable, était exquis.

LA QUALITÉ GASTRONOMIQUE DE CE REPAS, PRÉPARÉ PAR ALISON BREWSTER QUI DIRIGE LES LIEUX AVEC SON MARI, BRYAN NIEHAUS, NOUS A VRAIMENT ÉPATÉES, TOUT COMME NOTRE HÉBERGEMENT ET L’HISTOIRE DE L’ENDROIT

Histoire de la famille Brewster

John Brewster a pris le train du Chemin de fer Canadien Pacifique de l’Ontario jusqu’à Banff en 1886. Il a fondé une laiterie en 1890 et, en 1900, ses fils, Bill et Jim, ont mis sur pied la Brewster Brothers Outfitting. à seulement 16 ans, le petit-fils de Bill, Bud, un entrepreneur dans l’âme, dirigeait des excursions dans l’arrière-pays pour 75 personnes avec 100 chevaux.

en 1950, Bud a acheté de son oncle Pat une ancienne cabane de CFCP datant de 1928, située dans l’arrière-pays près du lac Shadow. en 1990, Bud a obtenu l’autorisation de Parcs Canada pour développer le Shadow Lake Lodge. En trois ans, 12 chalets de location, un réfectoire, des salles de bain et un chalet pour le personnel étaient construits.

Assises près du poêle à bois bien chaud dans le chalet du CFCP aujourd’hui rénové, nous avons feuilleté les albums de photos présentant l’histoire de la famille, Alison Brewster a grandi en dirigeant des excursions à cheval, en cuisinant et chantant autour des feux dans les camps de l’arrière-pays appartenant à sa famille. Ses enfants, de la sixième génération des Brewster, mettent également la main à la pâte.

Le lendemain, après un déjeuner digne d’une reine de rodéo, nous avons fait une randonnée de 17 km (10.5 mi) aller-retour jusqu’au lac Haiduk haut entre les sommets pointus, le lac isolé miroite exactement comme les Brewster l’ont vu la première fois.

Ce soir-là, en marchant du bâtiment abritant les salles de bains vers notre chalet, j’ai contemplé les milliards d’étoiles scintillant dans le velours de la nuit noire. J’y ai vu une étoile filante dans le ciel et j’ai fait une voeu simple: tout le monde devrait avoir l’occasion de vivre l’expérience du lac Shadow.